J'ai décidé d'écrire ici la description du processus de sa maladie à la fois pour expliquer mais aussi, je dois bien le dire, en guise de thérapie. Je ne sais pas si je vais tout écrire ce soir mais en tout cas je commence.
Depuis le dernier trimestre de l'année passée, papa a perdu beaucoup de poids (9 kg en tout), sans raison apparente. Après avoir consulté à plusieurs reprises son médecin traitant, aucune explication ne lui était donnée. Il a fait des examens de sang mais rien de significatif.
En fait, papa avait des diverticules (intestins) et il a mis ça la dessus mais il a appris qu'il avait aussi une hernie inguinale. Il a donc décidé de se faire opérer, ce qui a été fait le 13 février dernier. L'opération s'est bien passée et il s'est bien remis.
Mais très vite, il s'est mis à souffrir du dos. Nous avons décidé de lui faire changer de médecin et nous avons bien fait...mais je crois trop tard.
Ce nouveau médecin l'a vu une fois en consultation et lui a demandé de faire une prise de sang qui s'est révélée particulièrement mauvaise au niveau du système hépatique. Après de multiples examens complémentaires et des semaines de patience, le verdict est tombé le 13 mars : adénocarcinome du pancréas, plus clairement un cancer.
Et là, c'est comme si une bombe était tombée sur notre famille, on commence à se renseigner à droite, à gauche, à lire sur internet, à découvrir la gravité de ce cancer et sa très faible espérance de vie !!!!! Des jours et des nuits à penser, à pleurer, à refaire le parcours de sa vie, les souvenirs d'enfance, le temps du bonheur dont on n'avait même pas conscience et puis il faut alors réaliser que nos parents vieillissent et que la mort se matérialise un peu plus. Elle est là, omniprésente, silencieuse mais elle veille, veille, veille...
Et puis, on est très vite rattrapé par l'état de santé de papa qui se détériore : maux de ventre, maux de dos, incontinence fécale, sang dans les urines. On passe alors dans une deuxième phase, celle où on commence à tenter de lui donner un certain confort d'ou la pose d'une prothèse qui a enrayé l'incontinence.
Quelques jours de bien, la fatigue s'apaise, aucun autre organe n'est touché, pas de ganglions, pas de métastases. La situation idéale croit on ? Et bien non, fausse joie. Même si le nodule est d'une taille modérée, même si le liquide qu'il contient n'a pas de malignité, il n'en reste pas moins que c'est un cancer dans toute sa splendeur !!!!!
Nous voilà, dans une autre période et on a l'impression que l'enchainement des symptômes va très vite, vraiment très vite.
Deux hémorragies le conduisent aux urgences de la polyclinique voilà maintenant plus de 8 jours. Et l'ascencion continue, encore et toujours. Perfs, oxygène, examens de sang, echos : et une fois de plus, le couperet tombe : thrombose au niveau de la veine porte (un caillot), présence d'ascite et d'oedème donc ponctions. Un jour passe, 2 , 3 , puis cela semble devenir la routine. Le foie semblerait être touché mais on ne sait pas dans quelle proportion ! Fièvre, douleur envahissante, tension instable voire en baisse. Alors, morphine, antibiotiques, potassium et ça n'en finit pas. Et toujours pas de réelle explication. Mais faut il vraiment une explication quand on voit cette descente aux enfers ??
Aujourd'hui, papa est toujours hospitalisé, affaibli, aigri par la maladie, anéanti. Il a reçu sa première chimio lundi après midi : maux de gorge importants, grosse fatigue, irritabilité, peaux buccales et perte de mémoire importante, propos quelquefois incohérents.
Et on est là, impuissant, à l'entendre pleurer comme un enfant au téléphone, comme je ne l'ai jamais entendu et là mon coeur se casse, s'effrite devant cet homme qui m'a donné la vie, qui m'a enseigné les valeurs que je m'efforce de transmettre à mon tour. Sa vie va t-elle s'achever ainsi, est ce un passage difficile et provisoire ???? Nous n'avons pas de réponse, nous l'accompagnons du mieux que nous pouvons mais c'est forcément insuffisant.
Et puis, il faut aussi penser à l'accompagnant, qui souffre lui aussi de voir celui qu'elle a aimé dans cet état même si leur couple n'en n'était plus un, depuis longtemps.
Un coup, ils pleurent ensemble et se réconfortent, un coup, ils pleurent chacun à leur tour au téléphone quand ils m'ont et ne se supportent plus ! Que dire ?
Soutenir le malade moralement et physiquement, en faire de même avec l'autre de ses parents, et habiter à 300 km, croyez moi, c'est très très dur. A cela, vous rajoutez le désarroi de ma soeur qui n'arrive pas à digérer la nouvelle, qui est fatiguée et qui va péter les plombs. Puis, mon couple qui en patit car la vie n'est plus la même, plus de rythme, les appels téléphoniques succèdent aux séances de visio : maman, papa, ma soeur, 2 à 3 fois chacun, par jour.
Quelle force intérieure il faut avoir. Essayer de faire de l'humour sur des choses qui ne sont pourtant pas risibles. Mais ça changera quoi de pleurer continuellement ? Ne plus penser, devenir amnésique ?? Non, je veux vivre tous ses moments intensément, aux côtés de papa jusqu'à la fin.
Comme il est difficile de s'apercevoir que les rôles sont inversés : c'est donc ça la roue qui tourne dont j'ai tant entendu parler. Je deviens à mon tour protectrice pour mon aîné !
Peut être que je vous ennuie avec tout ça et bien sur, vous n'êtes pas obligés de lire mais je ne serai pas dans le déni, je suis dans la réalité :
papa a un cancer, papa va mourir. Demain, dans 3 mois, dans 6 mois, quelle importance, pour nous tous, la vie s'est suspendue au 13 mars !
A suivre....
Sam 10 Aoû - 6:18 par Orchidée
» cancer du pancréas
Sam 1 Juin - 6:41 par Orchidée
» Et ça continue...
Dim 31 Mar - 14:15 par Orchidée
» hysteroctomie
Ven 15 Mar - 16:43 par Orchidée
» me revoila dans ma petite crise
Mer 20 Fév - 16:37 par Orchidée
» Tumeur...quand tu nous tiens...
Mer 24 Oct - 16:53 par Orchidée
» aller les filles !!!
Mar 12 Juin - 19:26 par Orchidée
» Voyage Venise
Lun 21 Mai - 6:15 par moostik
» Blog WW
Dim 13 Mai - 6:55 par moostik