22 avril 1987

Date inoubliable pour moi et début de tous mes soucis. Mon adolescence et mon insouciance se sont arrêtées ce jour là. J'ai cotoyé la mort, le tragique, le sang, la souffrance et j'ai pas aimé. J'aimerais tant retourner en arrière et arrêter le temps. Mon cerveau s'est arrêté de fonctionner correctement à ce moment là. Mon coeur s'est cassé et mon corps n'a pas aimé mais je n'ai jamais parlé. C'est juste en moi, dans ma mémoire, dans mes tripes. Je me souviens de tout, en détails, minutes aprés minutes. Etrangement, je n'en ai jamais rêvé ! Mais je n'ai rien oublié.

tu veux nous raconter ? gros bisous et bravo ! tu fais un grand pas en avant la.

oui le tout c'est de continuer à écrire !

tu a deja fais un grand pas courage

c'était un mercredi. Je venais d'avoir 16 ans et nous allions avec ma mère faire un achat pour le baptème de Caro et Sylvain qui avait lieu le week end suivant. Finalement, nous n'y assisterons pas, le destin en avait décidé autrement.
Une voiture, une intersection, un camion, un feu grillé et c'est le choc : violent, assourdissant, trop long. Et puis la voiture s'immobilise et là c'est le silence : le silence et l'odeur de la mort. Ca pue la mort ! Plus tard, ma mère n'a jamais pu remettre le parfum qu'elle avait ce jour là, je ne le supportais plus ! Il était gravé dans mes sens, je le reconnaitrais entre 1000 même encore aujourd'hui. Tout est intact dans ma mémoire.

qui a été blessé ? Il est vrai que les odeurs nous impregne notre mémoire retient le moindre petit détail. Pour moi c'est pareil... il y a une odeur que je n'oublierai jamais...

Nous avons été blessées toutes les deux mais moi presque rien. C'est ma mère qui a tout pris puisque le camion a percuté de plein fouet le côté gauche de la voiture à hauteur de ma mère. Elle a eu un traumatisme cranien, 7 côtes cassées puis un épanchement pleural suite à une hémorragie interne.
Moi, j'ai juste été blessée à la jambe part le rétro extérieur de ma mère qui est rentré à l'intérieur de la voiture et un gros hématome au sein du à la ceinture de sécurité. J'ai eu aussi très très mal aux cervicales mais il n'y avait rien.

Au moment du choc, ma mère me disait ; mais il va s'arrêter celui...., elle n'a pas eu le temps de finir sa phrase. Le camion qui nous a percuté reprenait son élan pour monter la côte, l'impact a été très violent. La voiture a fait plusieurs petits bonds, j'ai cru qu'elle allait se retourner mais elle s'est finalement stabilisée. Puis le silence et le retour difficile à la réalité. Ma mère était inconsciente à côté de moi, les yeux et la bouche ouvertes, remplis de verre du pare brise. J'ai commencé par lui retirer tous les morceaux de verre et d'un seul coup, j'ai pris conscience de l'agitation qui régnait à l'extérieur et j'ai entendu le mot "pompier". Alors, seulement comme une grosse nulle, j'ai réalisé qu'il fallait les appeler et je suis allée le demander au tabac du coin. Bien sur, cela avait déjà été fait deux fois. L'attente a été terrible, maman a repris connaissance puis elle m'a demandé d'où elle saignait. Je l'ai alors rassuré en lui diant que cela ne venait pas de l'oreille car en général, ce n'est pas bon. Les pompiers ont mis 20 minutes pour arriver puis il a fallu le matériel de désincarcération puis le SAMU. Pendant ce temps, je ne savais pas quoi faire, nous n'étions pas très loin de la maison et je n'avais pas le numéro de tel de mon père ! Mais je ne voulais pas partir et me retrouver seule. Les pompiers ont monté ma mère dans le camion et n'ont pas voulu me donner des nouvelles. C'est finalement la police qui m'a conduit à la clinique et qui a prévenu mon père.

oui ca doit etre vraiment horrible ! j'espère ne jamais le vivre !